L’erreur de débutante que j’ai faite, je crois qu’on est nombreux à la faire : c’est de croire que le monde de l'entreprise serait méritoire. Que si je travaillais bien, que j’atteignais mes objectifs, alors cela aurait un impact positif sur ma carrière. Les premières années je travaillais jusqu’à 75h par semaine ! (oui j’ai beaucoup d’énergie et je m’investie beaucoup professionnellement), je voulais surpasser les objectifs qu’on me fixait. Je travaillais tellement que je n’avais plus le temps de prendre de pause café, je mangeais à mon bureau et travaillais de chez moi en rentrant le soir. Au final la promotion attendue a été donnée à un autre (plus junior) mais qui passait du temps avec les patrons (dans les petits papiers) et faisait la promotion des projets de l’équipe…pendant que je faisais mon travail (et une partie du sien car il prenait du retard). Ça m’a fait un choc ! Je crois que ça été un déclic pour plus travailler ma communication ! Je pensais que tu progressais au mérite et que c'était fair-play. Je pense que c'est la plus grosse erreur que j'ai faite.
Manue Marévéry
· Consumer Science Manager
· il y a 1 an
"Je suis empathique, donc je suis destiné(e) à une carrière en UX." L'empathie est souvent mentionnée par les candidat(e)s à un poste UX pour mettre en avant leur profil. Ce terme est désormais systématiquement assimilé aux processus de design centré sur l'utilisateur, aux compétences requises pour faire carrière, et bien entendu aussi au design thinking. S'il est vrai qu'un professionnel de l'UX doit pratiquer l'empathie, on se réfère ici bien à un compétence acquise et appliquée et non à une qualité innée. Ce concept est très bien illustré dans le livre "Practical Empathy For Collaboration and Creativity in Your Work" d'Indi Young. Elle y fait notamment référence aux différents type d'empathie et l'empathie cognitive, sur laquelle se base le design centré sur l'utilisateur. Daniel Goleman, souvent désigné comme "le père de l'intelligence émotionnelle", a identifié 3 types d'empathie et décrit l'empathie cognitive comme "cette curiosité naturelle pour la réalité des autres". Contrairement à la compassion ou encore à l'empathie émotionnelle, elle se base sur l'appréhension et la compréhension des modèles mentaux, de l'environnement et du schéma émotionnel de l'autre. Comme le décrit très bien Indi Young dans son livre, c'est une compétence qui demande une certaine rigueur dans l'écoute, l'assimilation et le détachement de ses propres biais. L'empathie cognitive s'apprend et se pratique, elle n'est en rien une qualité, ou un trait de caractère. Aussi, dans vos portfolios, entretiens et lettres de motivations, soulignez votre pratique de l'empathie, ce qui vous rend compétent(e)s en la matière, votre processus d'écoute, de découpe, d'analyse, pour assimiler les non-dits, les motivations, le point de vue de vos utilisateurs. Cela vous vaudra l'empathie de vos pairs et aura le mérite de montrer votre réelle compréhension d'un terme trop souvent usurpé :)
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Marie-Aude Sourd
· Senior UX researcher
· il y a 1 an
Une erreur que j’ai faite c'est de ne pas pousser à l'embauche. Que ce soit en tant que manager ou en tant que designer. En début de carrière il m’est souvent arrivé de ne pas pousser à l'embauche de plus de designers. Spécialement lorsque j'étais la première designer d'une startup. Je pensais que proposer cela était une marque de faiblesse. En réalité, c’est tout l’inverse ! Je pensais que c’était l'opportunité de montrer que j'étais capable de prendre sous ma responsabilité plus de projets, de faire encore plus. Et c’était surtout, il faut l’admettre, une manière de rester dans le contrôle.Je m’explique : Lorsque l’on est tout seul, on arrive à gérer son rythme, son emploi du temps jusqu’à être sous l’eau. Et ce n’est qu’à ce moment-là que l’entreprise prend la décision d’embaucher. Entre le temps de l’annonce et l’embauche (il faut en moyenne 3-6 mois) c’est déjà trop tard en terme de charge de travail. Tu prends la surcharge entre temps, tu grinces des dents en espérant que cela s’améliore. Le conseil que je donnerai, (et que dorénavant je m'applique à moi-même)... c'est d'embaucher avant d'en avoir besoin. Pour cela, je track le temps passé sur les différents projets que j’entreprends et lorsque je commence à me rapprocher de 100% de mon temps sur des sujets sans avoir la possibilité de dégager plus de temps pour d’autres activités comme la recherche exploratoire, je me dis "Il faut que tu embauches ! " . Ou il faut que je pousse à l'embauche, en disant qu'il nous faut un collaborateur de plus sur tel ou tel sujet et surtout d'expliquer pourquoi !Il faut bien expliquer pourquoi tu as besoin de quelqu'un, et non pas juste signifier un besoin. Sinon, on peut se demander : Pourquoi tu n'as plus le temps ? Comment tu rationalises ce temps ? Quel est ton ratio sur chaque projet ? Quel impact positif cela peut-il avoir sur la boite ? C'est la meilleure manière de s'aider soi-même et d'aider la boite. Pour “comptabiliser” le temps, ce que je fais, c 'est que je me donne des ratios de temps que je devrais passer sur certaines activités afin d’assurer une qualité de projet finale. Par exemple, la research est un élément hyper important pour moi, mais que je vais avoir tendance à déprioriser parce qu'il faut livrer tel ou tel projet... Je me suis toujours dit: " Il me faut 20% de mon temps, en research” (et c'est beaucoup 20%...) Quand je n'arrivais pas à atteindre ce quota, j'en constatais les impacts en interne. On n'arrivait pas à comprendre cette problématique On n'arrivait pas à valider cette hypothèse On pourrait aller plus vite sur cette fonctionnalité-là etc. Lorsque tu décortiques tes activités en % de ton temps et tu lie ça aux résultats que cela produites personnes comprennent naturellement pourquoi tu as besoin de plus de gens et sur quels sujets.
Par exemple, une erreur parcours que j’ai réalisé c’est lorsque que j’ai commencé dans une boîte et après je me suis dis:
“Merde, je n’ai rien à faire là”
Je suis allé bosser dans des boîtes sur des projets qui finalement ne me ressemblaient pas du tout.
J’y suis allé parce que j’étais attiré par le poste ou par le salaire, et finalement une fois dedans, le projet en lui-même ne me bottait pas plus que ça.
L’ambiance ne me bottait pas tant que ça. Il y a des trucs que je ne peux pas découvrir juste avant les entretiens. Mais tu vois, rien que le projet, je savais que ça ne le faisait pas.
Du coup, un des trucs c’est ne pas aller quelque part pour le salaire ou l’intitulé du poste.L’important c’est le projet et l’équipe. C’est pour eux que tu te lèves tous les matins, si ca ne va pas avec l’un ou l’autre alors le travail ne sera pas plaisant.
Donc l’apprentissage que j’ai de cette expérience c’est de prendre du temps pour se faire sa feuille de route personnelle, et de prendre du temps pour se faire un persona de soi-même (par exemple ).
Pour savoir qu’est-ce que j’aime ?
Qu’est-ce que je veux faire, quels sont les trucs sur lesquels je ne veux pas bosser ?
Quels sont les trucs sur lesquels je veux bosser ? Qu’est-ce qui me rend heureux dans mon travail ?
Quels sont les trucs qui me rendent heureux dans mon travail ?
Quels sont les trucs qui me passionnent, qui me motivent au sujet de mon boulot, et au contraire, quels sont les trucs que j’ai envie d’essayer ?
Prendre du temps régulièrement aussi pour se dire :
Dans mes expériences passées, quels sont les moments qui me restent émotionnellement comme saillants, les plus agréables ?
Au contraire les moments saillants qui étaient désagréables ?
Par exemple :
“Sur les X années qui sont passées, ça, je ne veux plus jamais le vivre. “
Ce type de situation, je ne veux plus y être, ce type de projet, ce type de futur.
Au fur et à mesure, donc au début forcément c’est compliqué de le faire au début quand on est junior on peut se dire ouais, voilà le genre de choses vers lequel je veux aller, et voilà le genre de choses que je ne veux pas aller, et au fur et à mesure on commence à se dire voilà les choses que j’ai aimées et les choses que je n’ai pas aimées.
Je pense que c’est essentiel, au fur et à mesure de se dresser sa cartographie, comment est-ce qu’on veut évoluer dans cette carrière.
Par exemple quels sont les boulots sur lesquels on doit aller, où on ne doit pas aller.
Au moins ça, ça permet de sentir à un moment qu’en tant que free, on est surexposé à ça parce qu’avec toutes les missions qui nous arrivent, les propositions et tout, il y a des moments où tu sens le truc.
Tu te renseignes un peu sur la boîte, tu as un premier entretien, tu sens qu’il y a un truc qui ne passe pas. Tu te dis, “ Je ne peux pas y aller.”
Mais si on n’a pas fait ce taff de profiling avant, je trouve que c’est beaucoup plus compliqué à sentir.
Donc quand tu as tout le profiling qui a été fait, que tu as posé plusieurs fois ces questions tout le long de ta carrière, au bout d’un moment, les projets arrivent, tu les vois et assez rapidement tu te dis :
“Ouais, ça, c’est un projet pour moi.”
Tu le sens, il y a cette valeur, cette valeur, que je retrouve par rapport à cette proposition-là que j’avais avant.
Ou alors tu te dis :
“Ça, ce n’est pas pour moi. Il y a des designers qui se plairont dans ce type d’ambiance, dans ce type de projet, ben je leur laisse. “
Surtout, ne pas avoir peur justement de dire non à des projets, et même à des postes.
Si quelqu’un cherche vraiment une boîte, ne pas forcément sauter sur le premier truc, ne pas avoir peur de dire non parce que plus tard, quand on a de la chance, on nous proposera vachement de taff.
Donc si au début tu te dis :
“Il faut vraiment que je saute sur un truc” peut-être qu’il vaille mieux de dire non pour attendre ce qui arrive derrière.
Dans la même veine, une dernière chose que je voudrais préciser: il ne faut pas avoir peur de partir d’un projet / boite.
J’ai vu des gens extrêmement doués, des ergo qui étaient géniaux en termes de communication et de compétences partir en burn out, ou vivre avec le syndrome de l’imposteur au point que ça en détruise leur vie.
Tout ça pour une peur de partir de l’entreprise, alors que les signaux étaient là.
Manque de culture design
Le travail n’est pas pris en compte
Ça se passait mal avec leur manager
Donc si cela vous arrive, n’hésitez pas à partir, vous retrouverez un meilleur endroit.
Un conseil que j'aurais aimé recevoir plus tôt dans ma carrière est le suivant :
« Considère ta carrière comme un marathon et non comme un sprint ».
Je ne sais pas si c'est réaliste de donner ce conseil à quelqu'un qui commence sa carrière, car nous sommes souvent remplis d'attentes.
En général, ceux qui travaillent dans l'UX sont centrés sur l'humain et ont parfois des idéaux élevés : ils veulent changer le monde digital et rendre le web meilleur. Et cela se produit effectivement, mais souvent avec plus de détours que ce que nous avions imaginé.
En tant que débutant, nous ne sommes souvent pas conscients du fait qu'il est extrêmement rare - du moins en Europe - de tomber sur un projet ou une équipe suffisamment mature pour mettre en place toutes les directives et tous les résultats que nous apportons. Nous devons donc nous armer de courage et de patience, apprendre à célébrer les petites victoires et à surmonter les petites défaites.
Il est essentiel de garder notre objectif à long terme en tête, de progresser pas à pas et de nous fixer des objectifs pour les deux à trois prochaines années - ce qui peut sembler énorme pour un débutant, sachant que nous ne restons pas toujours longtemps dans une entreprise.
Il est primordial d'avoir un plan de carrière en tête, en se disant :
« J'aimerais évoluer vers tel ou tel domaine »
et de se fixer des objectifs en fonction de notre évolution souhaitée.
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Marie-Aude Sourd
· Senior UX researcher
· il y a 1 an
Alexia est Design Lead chez Pretto. A la fin de ces études dans le secondaires, Alexia hésite entre un parcours dans la biologie ou dans l’art. C’est ce dernier qu’elle choisira en rejoignant une prépa aux écoles d’arts, puis l’ésad Amien pour faire apprendre le graphisme et la typographie, avant de spécialiser en UX Design aux Goblins. Alexia rejoint CANAL+ en apprentissage, puis en CDI, en tant qu’UX Designer pour travailler sur les applications CanalPlay puis MyCanal. On revient sur cette expérience, ce qu’elle a appris, comment exister face à des concurrents mastodontes comme Netflix, ou encore comment appréhender le design sur ordinateur, mobile mais également télé connectée. Après 4 ans, Alexia décide de quitter le groupe CANAL pour rejoindre une plus petite structure : Braineet. Elle y arrive en tant que première Product Designer. Métier qu’elle apprend sur le tas : elle apprend à défendre ses convictions, à tester des choses et à recruter. Alexia partage une de ses méthodes pour convaincre des parties prenantes : rédiger un article sur le sujet que le souhaite mettre en avant. Cela permet de mettre ses idées au clair, de les structurer et de partager son point de vue avec moins de formalité. Cependant, le modèle de l’entreprise ne prend pas et Alexia a plus d’ambition, elle rejoint donc Foxintelligence. Dans une premier temps, elle travaille, seule, sur CleanFox, un outil pour supprimer facilement les newsletters de ses emails. Par la suite, elle travaille sur les outils d’analyse de l’entreprise et recrute un autre designer pour l’aider. On discute alors des moyens qu’Alexia a mis en place pour se former sur des sujets qu’elle ne connaissait pas encore et des problèmes qu’elle a rencontré en chemin. Ne voulant pas passer tout son temps sur des produits d’analyse, après un an, Alexia décide de rejoindre l’entreprise PlayPlay, encore une fois, comme première et seule designer. A ce moment, elle travaille sur la refonte complète du produit, approfondit ses connaissances en Product Design et développe ses connaissances en Product Management. En parallèle de ses différences expériences, Alexia a créé le site Kabotin un annuaire des spécialistes équestres. Grâce à ce projet personnel, elle apprend de nombreuses compétences : code, marketing, etc. qui lui servent dans son métier du quotidien. Depuis maintenant 2 ans, Alexia a rejoint Pretto en tant que Senior Product Designer, avant de devenir Design Lead. Nous revenons sur ses premières semaines dans l’entreprise : de l’inventaire des écrans à la compréhension des user flows. Pretto n’est pas qu’un produit, c’est un service, Alexia doit donc aussi comprendre le métier de courtier, le processus commercial, la relation avec les banques, les algorithmes, etc. Une fois toutes ses connaissances acquises, Alexia commence à travailler sur le produit et revient dans cet épisode sur ses premières missions. L’ensemble de l’entreprise fait en sorte d’améliorer l’expérience Pretto. Cela passe bien sûr par le produit, mais aussi la relation avec le courtier, etc. Au cours de cette expérience, les clients font des retours qui sont répertoriés et analysés par Alexia. On aborde alors la recherche utilisateur, les méthodes pour catégoriser les différents retour, le point des retours clients et des retours des employés de l’entreprise, etc. En 2021, Pretto change d’identité. Ce rebranding a un impact sur le produit : nouvelle typographie, nouvelles couleurs. Alexia revient sur cet impact, sur son rôle dans la création de cette nouvelle identité, ainsi que sur sa relation avec l’agence en charge de la refonte et l’équipe Marketing et Communication de l’entreprise. Enfin, depuis sa promotion au rôle de Design Lead, Alexia à la charge de créer l’équipe Design de Pretto. On parle donc de la façon dont elle souhaite créer son équipe, des profils qu’elle recherche et des rituels et process qu’elle a mis en place. Lien de l'épisodeLes ressources de l'épisodesPrettoLe Medium d’AlexiaThe Power of Moment de Chip & Dan Heath Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationaleGrowth.designLes autres épisodes de Design JourneysL’épisode #39 avec Théo Kopf, Brand Designer @ MateraCase Study#1 avec Loïc Guay sur le rebranding de Malt Pour contacter Alexia :LinkedIn Pour soutenir le podcast, n’hésite pas à mettre ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ sur Apple Podcast ou Spotify pour aider les autres designers à découvrir le podcast
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