Question un peu provocatrice par nature, mais où j'aimerais que cet exercice serve de repository d'approches diverses et de discussion. En réalité, le risque que l'on rencontre cela dans nos carrières prend de l'envergure. Avec le shift du produit pur vers des services continus, et une compétition globale qui s'accroient de jour en jour, le besoin dans nos organisations de se réinventer est toujours présent. Pour l'avoir vécu quelques fois dans ma carrière, lorsque la machine est lancée il est dur de prendre de la distance et sortir la tête de l'eau du process. Donc si ce post peut servir à d'autres et être amélioré dans le futur, tant mieux. Point de départ L'hypothèse de départ étant qu'un dirigeant / C-level aient une intuition, et crée une équipe charger de lancer quelque chose pour conquérir le marché. ( En 2023, encore +90% des lancements doivent être réalisés pour ces raisons) Limites de l'exercice Peu de nous travaillant à Apple et autres, imaginons tout de même un budget R&D et une timeline limitée. (Pas tout le monde peut se permettre ce genre de bet pendant plusieures années) Etant dans une entreprise, un process doit être communiqué, avec des timelines de temps et de budget. Prenez en compte cela, comme si vous reportiez à quelqu'un (Head of Innovation - Co-founder - CPO etc..) Comme tout lancement de produit l'objectif est d'arriver à définir un MLP, d'arriver à un PMF et donc identifier vos users prioritaires. (Je répondrais moi même plus bas à ce petit exercice )
Un conseil que j'aurais aimé recevoir plus tôt dans ma carrière est celui de persister et de m'accrocher sur les projets que je menais, surtout lors des phases très early où les critiques internes peuvent être déstabilisantes.
Parfois, j'ai abandonné un peu trop vite face à la pression, ce qui a eu pour conséquence de mettre un terme prématurément à des projets d'innovation prometteurs.
Je me rappelle de ces moments où l'étape primordiale était de construire une vision, mais où j'ai été submergé par une avalanche de critiques de la part de mes collaborateurs.
Trop souvent, j'ai abandonné le projet en me disant que s'il y avait autant de critiques, cela ne pouvait être une bonne piste à suivre. Mais c'était justement l'erreur à ne pas commettre : s'arrêter aux premières critiques.
Il est important de comprendre que les critiques font partie intégrante du processus d'innovation et qu'il ne faut pas les voir comme des obstacles insurmontables.
En acceptant cette étape comme faisant partie du jeu, on évite de se décourager trop vite. En effet, à posteriori, j'ai souvent constaté que quelqu'un d'autre avait repris l'idée que j'avais abandonnée, ou que l'idée avait été développée et présentée d'une autre manière.
Pour rendre cette étape plus impactante et engageante pour mes interlocuteurs.rices, j'ai appris à travailler davantage en amont mes idées pour consolider ma vision.
Outre travailler la communication d'une vision plus claire, une astuce que j'ai apprise est de prototyper très tôt afin de rendre les choses concrètes pour mieux les expliquer.Le prototype a plusieurs avantages:
-il envoie un message clair : cela est faisable ! Les parties prenantes sont souvent rassurées de voir des résultats concrets plutôt que de simples idées théoriques.
-il permet de mieux se faire comprendre en apportant des éléments tangibles. Ainsi j'ai pu recevoir de meilleurs feedbacks pour affiner mes idées, les faire mûrir et trouver des allié.e.s.
-il permet aussi de se positionner en “responsable” de cette conduite du changement en permettant de discuter d’un plan d’action, en montrant que des ressoruces existent.
Ainsi, pour gagner en leadership, je me suis fixé comme règle que lorsque je présente une idée même aussi minime qu’elle soit, je l’accompagne toujours d’une ébauche de solution, d’un Mock-up…. D’une base concrète quoi.
J'ai également travaillé sur mon état d'esprit pour accepter les critiques sans tomber dans une spirale de négativité qui a tendance à briser la créativité.
Les résistances sont souvent bénéfiques car elles nous forcent à consolider notre vision et à proposer des solutions plus solides, mieux construites. Cela nous permettra d'embarquer du monde avec nous, in fine. En somme, il faut apprendre à remercier cette étape de "résistance" qui nous permet de produire de belles innovations. En réalité, après quelques expériences, c'est lorsque nous ne rencontrons pas de résistance qu'il faut s'inquiéter.
Pour donner un exemple concret où cela s'est passé récemment, j'ai travaillé sur des échelles de psychométrie pour mesurer l'engagement, un vaste sujet dans l'industrie du jeu vidéo.
Pendant trois à six mois, j'ai discuté de cette idée, mais elle a été rejetée avec de nombreuses critiques : cela ne menait pas la recherche utilisateur dans la bonne direction, c'était trop difficile, et cela ne servirait à rien de toute façon.
J'ai été confronté à de nombreuses critiques et je n'arrivais pas à clarifier pourquoi je voulais travailler sur ce sujet et quelle approche adopter.
Ce que j'aurais dû faire, et ce qui a été fait par la suite, c'était :
d'initier la recherche de mon côté sans en parler à personne
Présenter les résultats obtenus en disant : "Regardez, j'ai déjà commencé à travailler sur cela."
Malheureusement, une autre équipe a commencé à travailler sur le même sujet et a pris la direction du projet.
J'ai fini par rejoindre cette équipe, et c’est d’ailleurs en accompagnant mes idées pour ce projet avec des choses concrètes que j’ai pu rejoindre ce projet. Mais cela a été frustrant de réaliser que j'avais perdu trois à six mois dans des discussions qui au final n'avaient pas fait avancer le projet. Peut-être que l'idée de départ n'était pas si mauvaise après tout.
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