Il y a eu plein de problématiques, mais je crois que ça a été pour moi l’un des plus beaux défis, et surtout de réussir à le relever, à faire en sorte que tout le monde soit content à la fin. C’était pour un gros site vitrine, qui présentait la marque. Pour présenter la marque, il fallait forcément quelque chose de très qualitatif, luxueux, avec – je déteste ça mais pour le coup, c’était exactement la demande - créer un effet « Waouh ». Ils étaient vraiment dans ce truc-là. Il fallait un site très beau, très épuré. Ils étaient typiquement dans le fameux “texte gris clair sur blanc” que beaucoup trouvaient très élégant mais qui est illisible. On a réussi, on a répondu à leurs demandes en étant accessibles ! Finir par y arriver, rien que ça, c’est déjà super gratifiant. Ce que j'adore sur des projets comme ça, c’est qu’il y a des défis. C’est beaucoup plus intéressant. Plutôt que des projets où il n’y a pas de débats, donc pas défi, sans grosse recherche de solution derrière. J’aime bien devoir dénouer, identifier comment on va faire pour correspondre à tous les besoins, c’est plus intéressant. Pour le coup, je pense que c'est avec ce projet-là justement que j'ai appris la nécessité de sensibiliser et de former. Au départ, il était difficile de trouver comment aborder les équipes. Il a donc fallu que je trouve des moyens pour pouvoir discuter avec eux, en faisant en sorte que la discussion soit agréable et constructive. Ce projet-là m’a permis d’évoluer dans ma façon de faire. Avec eux, je testais des choses que je n’avais pas trop faites avant. Il y a certains trucs qui n’ont pas marché. Par exemple, j'avais eu l'idée de partir dans un atelier audit et co-conception – je n'avais pas fait de sensibilisation et de formation au préalable, rien. Sauf que, quand les gens ne sont pas formés aux sujets, c’est compliqué de travailler dessus. Il faut savoir que la plupart des gens n’aiment pas faire de l’audit. Déjà, je partais sur un truc pas hyper glamour, sur un sujet, l’accessibilité, qu’ils ne connaissaient pas et sur lequel ils avaient des à prioris. Et en plus, ils auditent eux-mêmes, ils voient qu’ils ont fait des erreurs mais ils ne comprennent pas trop pourquoi c’est une erreur parce qu’ils n’ont pas été formés, pour eux c’est la bonne manière de faire. Bref, en tant que consultante, ça, c’est typiquement une erreur. Avant de lancer ce type d’ateliers, il y a des choses à faire pour que ça se passe bien. Ça m’a pris un peu de temps pour le comprendre mais je pense qu’il faut le prévoir, ce temps en amont. Aussi, ce que je ne faisais pas forcément, et c’est la deuxième erreur que je faisais et que je veux rectifier : Prendre le temps Qu’il va y avoir justement de discussion et d’appropriation des équipes. Quand on arrive avec un nouveau sujet, un sujet que les équipes ne connaissent pas, on ne peut pas se dire qu’on va tout révolutionner en une semaine. Il est important de faire comprendre aux équipes ; ne pas débarquer avec les référentiels, par exemple ; en tout cas moi c’est ma manière de faire. Je ne débarque pas avec les WCAG ou les RGAA , qui peuvent paraître être l’Everest. Quand on ne connaît pas, c’est hyper abstrait. Souvent à la fin des formations que j’anime et où l’on a vu plein de choses à faire autour du numérique responsable, je fais un petit atelier : je leur demande « On a vu tous ces critères, chacun si vous en retenez 3 à appliquer dès le demain, vous prenez quoi ? » Chacun sélectionne, et en fait, que je leur propose de mettre en place dans leurs prochains projets et 1 mois, 2 mois plus tard etc je leur demande d’en prendre 3 de plus. Avec cette méthode-là, on sait qu’on ne va pas changer le monde. En revanche, on sait qu’au fur et à mesure, les équipes vont prendre en compte les choses, ça va entrer dans leur process, ça va devenir automatique et ça va se retrouver dans tous les projets après. Finalement, l’impact sera beaucoup plus important, parce que ce ne sera pas juste sur un projet donné mais sur tous projets futurs. On aura pu faire en sorte que chacun s'approprie ces sujets. C’est ce qu’on dit souvent en tant que consultant : « le jour où on n’aura plus besoin de nous, ce sera le rêve ». On en est loin, mais c’est la meilleure des perspectives.
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