Mon astuce: Développer son sens de l’imaginaire
Moi, à la base, je suis pur introspectif. Donc si on me fiche la paix, si je suis tout seul, ça me va. J’ai dû apprendre à aller vers les autres.
Le principal conseil que je donnerais à un designer, c'est d’imaginer, le design comme une conversation. Avant toute chose, c’est les mots avant les visuels.
Il faut être capable pour collaborer avec les autres, qu'ils designers soient ou non, mais de pouvoir parler.
Ca veut dire quoi?
Ça veut dire observer un metteur en scène qui donne un feedback à un acteur. C’est dans cette capacité créatrice de pouvoir utiliser du langage pour parler de design. Par exemple, Loris Olivier, le typographe qui a créé les typographies de Whispers & Giants, c’est la personne dans ma carrière avec qui les échanges de ce type sont les plus riches et les plus imagés.
Il est fabuleux. Comme disait notre ami Romain, il n’aime pas que les lettres mais il aime aussi les mots.
« Tu vois le coude, il est trop haut on dirait qu’il penche », parce qu’ on a des corps, on est des corps.
On ne peut pas faire sans, nous sommes des créatures qui sommes incarnées.
Moi, je conseille à tous les designers que je coache de regarder des making of de films et particulièrement ceux de Ridley Scott.
Parce que c'est une machine de travail qui s'entoure de gens extrêmement compétents, parce que lui, il torche des films à une vitesse incroyable. Par exemple, Prometheus.
Les making of de films de science-fiction, où il y a des monstres, où il y a un monde imaginaire où il y a des monstres, Mate painting, où il y a des créatifs qui viennent fabriquer les cuillères, il y a tout à fabriquer.
- Entre eux, ils doivent se mettre d'accord.
- Pour qui ils designent
- Dans quel monde
- Quelle culture.
En fait, c'est un très bon terrain d’entrainement, parce que tu n’es pas en train de parler d'une application pour réserver un avion.
Ça va beaucoup plus mobiliser des capacités d'imagination, de visualisation intérieure, et c'est ça qui est très, très important dans le design, c’est de pouvoir dire :
«Écoutes, c'est pas un barba papa qu’on est en train de faire, c’est plus un Pokémon. “
Si tu as les deux références, tu comprends qu’il y en a un qui est polymorphe, et l'autre qui peut être permutable, et tu as besoin d’aller chercher ces métaphores, ces analogies.
Parce que le cerveau humain fonctionne comme ça.
Après, c’est la capacité à comprendre que plus tu vas te confronter au terrain et découvrir les autres, plus tu vas t’aider à te connaître toi-même.
Cette connaissance de toi-même va t’aider déjà à comprendre tes biais, il y a des trucs qui t’énervent, il y a des constructions à toi qui viennent de ta famille, donc c’est un bon terrain pour pratiquer cette position.
Être capable de comprendre que les gens ils sont là où ils sont parce que généralement, c’est le contexte autour d’eux qui font qui ils sont.
Le plus grand biais humain aujourd’hui, c’est l’erreur d’attribution fondamentale. Biais cognitifs sur lesquels sont construit le libéralisme, le capitalisme et la bourgeoisie.
La méritocratie, c'est l'idéologie qui va naître de ce biais.
“C’est un biais où on va avoir tendance à suramplifier des raisons qui sont internes aux personnes, leur personnalité, c’est une espèce d’essence qui émanent d’eux, leur caractère, qui ils sont, on fait ce qu’on est. Et puis de complètement réduire l'impact du contexte extérieur.”
Et à ce biais-là, il faut aller chercher Spinoza qui dit
« La liberté, c'est l'ignorance des causes qui nous déterminent. »
Donc, c'est important d'apprendre à lire les rapports entre les gens comme aujourd'hui. Il y a une grande critique dans le HR de la fétichisation des skills, des compétences, comme s’ils étaient à l'intérieur des gens, comme des essences.
Alors que toute forme de compétence est toujours née d’une réalité de relation.
On est des créatures sociales. Ça veut dire que si tu parles, si toi et moi on parle le français, c’est que gamins, on nous a parlés Français et que plus tard, on a appris une langue, et ça nous a permis d’en apprendre une autre.
Donc si tu n’es pas socialisé au sens humain, c’est que tu es un Mowgli avec des loups.
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